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Chez la modiste : les chapeaux féminins des années 1900 et 1910.

Le tout premier article de ce blog parlait de l'évolution de la mode depuis les années 1900 jusqu'aux années 50. Aujourd'hui, nous allons rentrer un peu plus dans les détails, en abordant le sujet des couvre-chefs féminins en plusieurs chapitres. Chacun de ces articles sera consacré à des décennies particulières, avec pas mal d'illustrations pour appuyer mon propos et vous donner une idée plus claire de ce que vous écris. Nous allons débuter notre voyage dans le temps par le début du siècle. J'ai intitulé cette série "Chez la modiste", un petit clin d'œil à un tableau que j'adore, de l'impressionniste Degas, datant de 1882. Je vous laisse l'admirer avant de rentre dans le vif du sujet (amateurs d'art ou non, ça vaut bien un petit regard!).

Alors voilà, de toute l'histoire humaine (ou presque), se couvrir la tête a toujours été un must de la mode. Et cela vaut encore plus à partir du XIXe siècle. Le chapeau est autant au goût du jour pour les femmes que pour les hommes. Pour mesdames, il est inconcevable de sortir dépeignée et tête nue, à moins de passer pour une personne du (très) bas peuple. Pour cette période de la fin du XIXe, les chapeaux sont assez petits, mais se portent très haut, sous un chignon volumineux fait d'anglaises et de postiches. Et on adore les habiller de rubans, plumes et fleurs, accordé à la tenue, évidement.






C'est de là qu'est né un véritable engouement pour les chapeaux volumineux et très chargés des années 1900. Ils se font de plus en plus larges, pouvant atteindre parfois plus de 40 cm de diamètre. Ils sont soit très hauts, soit relativement plats. Mais dans les deux cas, les femmes de la période edwardienne adorent orner de larges étoles, de compositions florales fraiches ou bien en tissu, de plumes démesurées... Notez que des oiseaux entiers peuvent se déposer sur un rebord de la pièce. Plus c'est imposant, plus c'est jugé élégant! Tout ça est en lien avec le goût des formes naturelles et voluptueuses du style art nouveau.

On les porte généralement avec le célèbre chignon en bouton de soupière, ou pour les plus jeunes, avec un tresse terminée de rubans, descendant jusqu'aux fesses. Pour les faire tenir? Aux grands moyens les grands remèdes : on emplois des épingles de la longueur d'aiguilles à tricoter.




Pour les femmes plus mures, on opte aussi pour un véritable voilage, descendant du chapeau, et encadrant le visage, le recouvrant en période de deuil , ou par pudeur, par exemple. L'hiver, ces voiles sont remplacés par une sorte d'écharpe, protégeant la gorge tout comme les oreilles (le bonnet n'étant pas du tout à la mode à cette décennie).




Un autre incontournable de l'époque, le canotier, porté en été, sur les côtes de Deauville, ou bien sur la promenade des Anglais à Nice. Cette pièce est portée généralement par les filles les plus jeunes, perché au dessus d'un chignon, sur le devant du crâne, ou avec une tresse.






Pour les années 1910, on va dire que la tendance se poursuit jusqu'à la guerre. Mais les choses se simplifient tout de même, avec quelques influences, comme celles que Gabrielle Chanel (que voici, que voilà en photo). Oui, vous avez bien lu! Celle qui deviendra Coco l'icône de la mode. Elle débuta sa carrière en tant que modiste. Elle confectionnait des chapeau pour elle même. Ne supportant pas la démesure et l'excentricité, elle se retranche vers de petites formes et moins de froufrous. Son style plait, s'exporte et se montre lors de grandes occasions mondaines. C'est donc naturellement qu'elle se fait un nom, et qu'elle influence la mode du début des années 10.

Second grand nom de la période (c’est pour vous dire l’attrait des chapeaux dans la mode de l’époque) : Paul Poiret. Ce grand couturier français est à l’origine du style art déco dans le vestimentaire. C’est grâce à lui que l’on ne porte plus de corsets douloureux sous les robes avant la guerre. Il est très inspiré par l’Orient, l’Inde, l’Afrique. Bref, il aime tout ce qui est exotique. Il remet donc au goût du jour le turban, qu’il agrémente d’une plume ou d’un bijou, parfois les deux. Pour lui, comme pour Chanel, la simplicité est de mise : plus besoins de fioriture, ni de grosses épingles pour tenir les chapeaux sur les têtes des demoiselles. Autre point positif : les femmes peuvent faire un turban elles-mêmes avec une large étole, et ainsi les accorder parfaitement avec leurs humeurs et leurs tenues.


A partir de là, les chapeaux sont moins volumineux et épousent la forme du crâne. Ils ont une forme simple, proche de celle d’un gros bonnet à plis, assez géométrique tout de même. Une plume vient orner le devant de la pièce, bien centré par rapport au visage. Nous sommes dans un style plus épuré et stricte s’il en est. Cette forme plus proche du visage va lancer par la suite les chapeaux cloches des années 20 (mais ça, nous le verrons dans le prochain chapitre).


Notons tout de même qu’avec la guerre, les chapeaux se font plus rares. Les femmes sortent coiffées, mais tête nue. Il arrive qu’elles soient juste couvertes d’un fichu basique ou bien de la coiffe d’infirmière. Le tissu manque, et le cœur n’est pas forcément aux fleurs et bijoux brillants… Heureusement la victoire a redonné du baume aux cœurs, et la décennie suivante n'en fut que plus riche en créations et haute en couleurs.

En attendant de pouvoir développer ce prochain chapitre avec vous, je vous souhaite une bonne semaine emplie de belles choses.

Traces de rouge-à-lèvres sur vos joues.

V.





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