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Chez la modiste : les chapeaux des années 1920.

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour un nouvel article, second de la série sur les chapeaux féminins. Comme nous avançons dans le temps, c’est en toute logique que nous aborderons les années 20. Ma seconde décennie préférée, mais ce n’est pas sans mal que je la décris comme le paroxysme de l’élégance. Toutes les créations de cette époque sont magnifiques, délicates et tendent à nous prouver l’envie d’indépendance des femmes. Bref, plongeons dans le monde des couvres chefs de la période…

Les années 1920 sont marquées par la fin de la guerre, fin des restrictions, le retour à la joie, et bientôt à la débauche. Les femmes retrouvent leur élégance d’avant conflit, et ne tardent pas à ressortir chapotées. Et comme nous sommes dans une décennie d’innovations, de nouvelles formes apparaissent, et donc de nouveaux styles. Cela se remarque particulièrement par la profusion de chapeaux, différents, colorés, habillés ou non, brodés, accessoirisés… Toute une palette d’un nouveau genre, qui s’affiche dans les rues, salons et soirées.

Magazine américain du printemps 1928
Chanel portant une de ses créations, ca 1920

Pour le début de la période, à savoir les années 1920 à 1924 approximativement, les chapeaux à larges bords sont toujours présents. Ils se déclinent en formes et en couleurs différentes, mais restent globalement les mêmes que dans les années 1910. La plupart du temps, ces chapeaux sont faits en paille, plus ou moins fine, qui peut être teinté. On les agrémente de nœuds, de fleurs ou de plumes, c’est selon. Ce genre-ci va être très fréquent plus tard, pour les promenades ou les sorties d’après-midi. C’est ce que l’on nomme en anglais le «Garden Hat ». Cette forme va évoluer de manière à devenir ce que l’on appellera plus tard la capeline. Le haut du chapeau épouse la forme du crâne, et les bords larges sont souples et retombent devant les yeux des femmes. Un chapeau très apprécié au printemps et en été.

Nous pouvons aussi trouver des chapeaux à plus petits bords, comme ceux confectionnés par Gabrielle Chanel en 1920. Cette coupe reste ensuite à la mode grâce à sa simplicité. En effet, ces chapeaux sont portables pour les femmes les plus modestes, et s’accordent avec la plupart des tenues.

Trois femmes aux capelines

Autre forme de chapeau que l’on va garder des années 1910 : le turban. Comme pour les années précédentes, il est très proche de la tête, et est orné de plumes ou d’un bijou au centre sur les plis de la création.

Doris Kenyon portant un turban


Exemples de Tams
L'actrice Priscilla Dean portant un Tam en 1921.

Pour ce qui est des formes empruntées, nous avons le béret écossais appelé « Tam ». Ce dernier est très en vogue chez les jeunes filles. Ils sont très larges, et se portent aplatit sur un des côté de la tête. Généralement, ce sont des chapeaux simples, mais qui peuvent être brodés, pour plus d’élégance. Nous retrouvons par ailleurs le béret typiquement français, en laine. Lui aussi est très apprécié chez les adolescentes. Il se porte complètement déplié, sur le haut de la tête.

Le Béret dans les années 20.

Exemple de toque

Grâce à la recherche d’exotisme due au style Art Déco, la forme de la toque fait aussi son retour dans les années 1920. C’est un chapeau assez haut, et de forme généralement géométrique. Il peut être fait en laine, avec parfois de la fourrure, ou bien en feutre plus dur. Il se porte au niveau des sourcils, pour apporter plus de hauteur à la femme qui le porte, et affiner ainsi sa silhouette. Il est porté par des femmes plus matures, à l’allure affirmée. Nous pouvons en voir un très bel exemple dans la série Downton Abbey, saison 5, porté par Lady Mary.

Le bicorne, inspiré par les contes des mousquetaires et chevaliers, revient lui aussi à la mode chez les femmes. Le pan de devant est replié sur le crâne. Cette partie alors retournée est brodée, ou agrémentée de différents ornements. L’hiver, ces créations seront faites en velours, et l’été, en paille qui peut être elle aussi teintée.

En grande majorité, les chapeaux seront typiquement Art Déco, donc fait pour allonger les silhouettes filiformes des femmes. C’est ce que nous voyons avec le couvre-chef le plus en vogue de cette période : le chapeau cloche. Vous vous doutez que je garde la plus grosse partie pour la fin… C’est la création emblématique de la décennie ! Mais il se décline dans tellement de formes, de couleurs, de genres que s’en ai ahurissant ! Le principe reste le même pour toutes les créations dans l’ensemble : un chapeau très près du crâne, qui arrive sur la nuque, et plus bas que les oreilles en cachant les cheveux longs ou bien en laissant dépasser les mèches courtes des coupes « Bob ». Sur le visage, il arrive en bas du front, au niveau des sourcils des femmes. Ces dernières témoignent d’ailleurs avec justesse qu’il gênait la vision. Elles se voyaient donc obligées de lever le menton, pour regarder vers le bas. Cela leur conférait un art parfois hautain, mais cela allait aussi avec l’image nouvelle de l’émancipation de ces-dernières.

Le mythique chapeau cloche.

Chapeau cloche de jour, symétrique à petit rebord.

Nous avons les chapeaux cloches de jour, qui sont relativement simples et colorés. Ils sont brodés de tissus, à motifs, ornés de fleurs… Selon la saison, ils peuvent être en paille, en laine, tricotés, en feutre dur… Tout est déclinable au final ! Nous avons la coupe symétrique, qui peut descendre au niveau de la nuque, ou bien dont les bords peuvent d’écarter et descendre au niveau des épaules. Ensuite, nous avons la coupe asymétrique : un des coté du chapeau se situe plus bas que l’autre. Auquel cas, ce côté-ci est agrémenté d’un motif en tissus, en relief ou brodé. Enfin, nous avons les mêmes catégories que précédemment énoncées, mais dotées d’une visière, ou rebord (comme vous voulez) plus ou moins large.

Différents chapeaux cloches de jour (symétriques ou non)

Cloche à large rebord brodé de rubans.

Chapeau cloche asymétrique


Petite anecdote concernant ce chapeau cloche de jour. Dans les années 1920, les femmes avaient un langage, illustré par la manière de nouer un ruban, ou nœud sur le côté du chapeau. La manière dont est noué le ruban indique la situation amoureuse de la jeune femme qui le porte. Si le nœud est en flèche, alors la jeune femme est considérée comme célibataire, mais elle est tout de même fiancée. Le nœud au centre du ruban signifie que la femme est mariée, et que son cœur n’est plus à prendre. Enfin, la cocarde indique que le cœur est libre, puisqu’elle est soit célibataire, soit veuve, soit divorcée. En un regard, tout le monde, y compris les hommes, pouvaient avoir connaissance de la situation de la demoiselle ! C’est plus élégant et poétique que de regarder sur les réseaux sociaux de nos jours, n’est-ce pas ?

Le langage du chapeau cloche

Et pour terminer, nous avons le chapeau cloche de soirée. Ces derniers sont plus petit en règle générale. Mais ce sont les pièces splendides, qui vous ferrons saliver mesdames, mesdemoiselles, j’en suis certaine. Ce sont de vrais bijoux. Je trouve personnellement que l’on ne peut pas rivaliser en matière de coquetterie, d’élégance et de délicatesse. On part sur des choses très précieuses, brodées de perles, avec des pendeloques. Nous avons des sequins et dentelles d’or, ou d’argent pour ajouter de la brillance. Parfois se sont de véritables pierres précieuses qui viennent orner ces créations. Parmi ces pièces raffinées, nous retrouvons des œuvres de Paul Poiret entre autres. Je vous laisse admirer ces merveilles, et vous dis « au prochain épisode ».

Cloche brodé par Paul Poiret

Cloche de soirée des années 20

Coiffe façon cloche en dentelle d'or et sequins

Traces de rouge-à-lèvres sur vous joues.

V.

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